Il est temps de repenser le vocabulaire lié au bureau. Comme souvent, les États-Unis nous devancent dans la formulation de termes commerciaux croustillants. Pourquoi ?
Parce que nous parlons encore de coworking. Et par là, nous entendons (et manifestons, du moins dans les esprits) une forme de travail qui ne sert qu’une niche : l’espace de coworking classique, caractérisé par des bureaux en open space, de longs établis et sa clientèle jeune, entre 20 et 30 ans. Alors que nous nous demandons ici en Suisse si cette forme de travail pour les freelances et les jeunes entrepreneurs survivra à la prochaine crise, nous voyons aux États-Unis comment le coworking révolutionne le marché de l’immobilier de bureau. Pas en tant que coworking, mais en tant que «Workplace as a Service».
L’une des plus grandes entreprises de ce nouveau secteur (oui, c’est bien de cela qu’il s’agit) est Industrious. Dans le sillage de l’introduction en bourse bruyante de WeWork, Industrious a ouvert des locaux et levé des fonds, dernièrement 200 millions de dollars auprès de CBRE. Et CBRE n’est pas un capital-risqueur surmotivé, mais, selon leurs propres termes : « The global leader in commercial real estate services and investments ». On pourrait penser qu’ils s’y connaissent en immobilier d’entreprise.
Selon des estimations, le marché du « Workplace as a Service » devrait atteindre environ 80 à 120 milliards de dollars d’ici 2025, rien qu’aux États-Unis. Pour les fournisseurs de services immobiliers classiques, c’est à la fois un risque et une opportunité. Risque, parce qu’à l’avenir, de plus en plus de clients – dont de plus en plus de grands clients corporate – miseront sur Workplace as a Service et que l’on ne dispose pas d’une offre correspondante. Opportunité, parce que – si l’on dispose d’une offre correspondante – la création de valeur est trois à quatre fois plus élevée que dans la location traditionnelle de surfaces.
Pour conclure, voici une citation d’un des investisseurs d’Industrious : «Workplace as a Service will create and destroy more value in office real estate than any other phenomenon over the next decade. Because large enterprises are embracing flexibility for real estate optionality – and because of the realization that workplaces are the ultimate tool to retain and attract talent.»